Saïjiki - Almanach à l'usage des haïkistes

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Introduction au saïjiki

par
Ryu Yotsuya


Haïku saïjiki, publié par Heibon-sha

Kigo et haïku
Nombre des kigos
Kiyose et saïjiki
Calendrier au Japon
Système du kigo
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Kigo et haïku

Les kigos sont des mots ou des locutions qui font allusion à une saison et qu'on utilise dans un haïku. Les poètes traditionalistes ne reconnaissent pas de valeur aux haïkus sans kigo (ou "muki haïku"); par ailleurs, les haïkistes modernistes rejettent l'importance des kigos. Avant de se demander si les kigos sont indispensables au haïku, il faut regarder leur fonction spécifique.

Dans un haïku aussi bien que dans la vie quotidienne, les Japonais aiment parler de la saison, du climat et du calendrier. Quand les speakers japonais commencent leurs émissions, ils disent souvent: "Il fait grand froid ce matin. La pluie d'hier a laissé des flaques et elles sont gelées..." Quand on écrit une lettre officielle, il est poli de mentionner la saison dans l'introduction, ainsi: "Nous sommes en automne, saison de fraîcheur. Nous espérons que vous vous portez bien". Quand vous rencontrez un Japonais, si vous entamez la conversation en parlant de la saison, il se sentira certainement plus à l'aise.

Ces habitudes laissent entendre que les Japonais aiment rattacher leur vie au cours des saisons. Ceci a son origine dans la religion qui est tout à fait différente de celles des Occidentaux, des Musulmans et même des Chinois. Pour nous, religion signifie esthétique et non préceptes. Il est très important, esthétiquement, de "faire" des choses habituelles, dans le domaine religieux ou non, et au moment précis durant une année ou durant une vie. Quand un Japonais se conforme aux usages saisonniers, il sent qu'il fait partie de l'Univers et que la Nature le supporte, ce qui le rassure profondément. Les commandements et le contrat avec le dieu n'ont pas tellement d'importance; beaucoup de Japonais vont au temple shintoïste au nouvel an, se marient dans une église chrétienne et sont enterrés dans un cimetière bouddhiste.

Le haïku a mûri dans cette structure mentale du peuple japonais. Les étrangers, surtout les Nords-Américains, sont portés à penser que le haïku est une forme poétique de l'instant mais cette compréhension n'est que partielle. Les haïkistes japonais cherchent à trouver l'Éternité en dessinant un moment. Le kigo est en quelque sorte un pont entre l'instant et l'Éternité puisque les saisons rendent visible la loi de la Nature en répétant la même activité annuelle). Il faut imaginer la puissance universelle au-delà du seul kigo; le haïku est un contenant qui reçoit tout l'Univers.

Niji Fuyuno et Ryu Yotsuya, administrateurs de ce site, sont des adeptes du haïku sans kigo. ils croient que le kigo n'est pas la seule porte de l'Éternité. Ils respectent néanmoins la fonction du kigo en pensant qu'on ne peut pas atteindre l'essence du haïku sans la comprendre.

Nombre de kigos

On dit que les kigos se comptent par milliers. Si on ajoute leurs variantes, ce nombre dépasse les 10,000. Plusieurs kigos sont maintenant désuets, toutefois de nouveaux naissent régulièrement. Sur ce site, j'en publierai environ 1,000, en expliquerai le sens et donnerai des exemples. Comme le nombre de kigos et de photos augmentera progressivement, je vous invite à revenir régulièrement visiter nos pages.

Kiyose et saïjiki

Les haïkistes japonais se réfèrent au kiyose ou au saïjiki quand ils écrivent des haïkus. Le kiyose contient simplement les kigos et leurs variantes alors que le saïjiki contient kigos et variantes, notes explicatives ou historiques et des exemples. Un saïjiki de poche est en un volume alors qu'un saïjiki complet a quatre ou cinq tomes consacrés au printemps, à l'été, à l'automne, à l'hiver et parfois au nouvel an.

L'image droite montre les saïjikis variés: saïjiki en 5 tomes, saïjiki de poche (livre brun), et kiyose (livre vert).

Calendrier japonais

Dans le calendrier japonais, chaque saison commence ainsi: le printemps vers le 4 février, l'été vers le 6 mai, l'automne vers le 8 août et l'hiver vers le 8 novembre.

En 1872, le Japon a adopté le calendrier solaire en remplacement du calendrier lunaire, ce qui a provoqué un grand désordre dans la classification des kigos. Par exemple, on célèbre la Tanabata ("Fête des étoiles") le septième jour du septième mois; aujourd'hui, les enfants la
célèbrent en juillet, mais c'est à la saison des pluies et on ne peut voir les étoiles. Les haïkistes sont partagés au sujet de la classification de la Tanabata en été ou en automne.

Le nouvel an est le jour le plus important au Japon. Dans le calendrier lunaire, il vient presque en même temps que le commencement du printemps et on le fête en février dans la région la plus conservatrice. On compte beaucoup de kigos relatifs au nouvel an et c'est un grand problème si on le classe en hiver ou au printemps. Alors, c'est pour éviter cette confusion qu'on publie un volume pour le nouvel an.

Système des kigos

Dans les kigos, vous trouverez des phénomènes qui ne sont pas spécifiques à une saison (par exemple: la lune, le cerf, l'hirondelle, etc.). Ils sont classés selon les règles suivantes:

  1. on le classe dans la saison où il apparaît pour la première fois: les
    hirondelles arrivent au Japon au printemps,
  2. on le classe dans la saison où il apparaît le plus beau: la lune est la
    plus belle en automne quand l'air est sec et clair,
  3. on le classe dans la saison où on en prend conscience le plus facilement:
    en automne, les cerfs poussent des cris plus aigus et ils ravagent les
    récoltes.

Dans les saïjikis, les kigos se divisent ordinairement en six catégories: le temps, les astres et le phénomènes atmosphériques, les phénomènes de la terre, les activités humaines, la faune et la flore.

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Le français sur cette page est revisé par André Duhaime au Québec

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